Introduction aux enchères
Le mécanisme des enchères
Le dialogue que constituent
les enchères est
différent
de celui que
nous avons utilisé
jusqu'à présent :
«J'ouvre» indiquait
la possession
d'un
certain
nombre
de points
(à partir
de 12), sans plus de
précisions. Le partenaire
de l'ouvreur
donnait alors
«en clair»
son nombre de points, ce qui
permettait à l'ouvreur
d'opérer
une
synthèse en
fonction
de la Table de Décision.
Les enchères
au
bridge ne fonctionnent pas de cette façon.
Les seuls mots que
les joueurs ont le droit
de prononcer sont les différents contrats possibles. Nous
verrons dans la suite
de cet
ouvrage
qu'il
est
possible
de jouer un contrat
en privilégiant
un atout: par
exemple, 2
signifie
qu'on s'engage
à réaliser huit levées, la couleur
Trèfle étant
l'atout. Il s'ensuit que chaque
joueur a à sa
disposition
35 enchères différentes
(cinq «couleurs» et sept «paliers »).
La règle des enchères
Une seule
règle
quant à leur
utilisation:
chaque joueur, à tour
de rôle et toujours dans le
sens des
aiguilles d'une montre, bénéficie
du droit d'enchérir. S'il
ne veut
pas l'utiliser,
il dit «Je passe». Mais
s'il veut faire une enchère, il
doit obligatoirement annoncer
un contrat «supérieur» à celui
qui a été annoncé précédemment. .
Hiérarchie des couleurs
Les cinq couleurs
du bridge sont
ordonnées de la
façon suivante
(de la moins «chère» à la plus «chère »)
:
SA
Cet ordre définit
les surenchères possibles:
on peut
annoncer une couleur
plus
chère qu'une
autre
au même palier. Mais si
l'on veut annoncer une couleur
moins chère
(ou la
même couleur), on est
contraint
de le faire à un
palier supérieur. Sinon, l'on
passe.
Pour l'instant
les joueurs n'auront
à leur disposition
que des enchères
à sans-atout.
Le contrat final
est atteint quand trois joueurs
à la
suite
ont déclaré «Je passe». Le déclarant
est alors, non pas obligatoirement
celui
qui l'a déclaré, mais le premier
joueur du camp qui a annoncé la «couleur» du contrat
final. Pour nous, pour l'instant, ce sera
celui qui
le premier a prononcé le mot
de «Sans-Atout».
Le système d'enchères
Pour obtenir
du partenaire
- et lui transmettre -les renseignements nécessaires au choix du
contrat, il
est indispensable
de donner une signification enchères faites par chacun des joueurs. Attention!
Vous pouvez donner
à ces enchères le sens
que vous souhaitez, mais il vous faudra
toujours en avertir
aussi
les adversaires:
le bridge
est
un jeu «transparent», où les conventions occultes
entre partenaires n'ont
pas leur
place.
Un système
d'enchères consiste
à conférer une signification
à de nombreuses
suites d'enchères - on
parle de séquences d'enchères
- choisies par les deux partenaires d'un
même
camp.
Comparons
les deux situations
suivantes :
1 |
Sud |
|
Ouest |
|
Nord |
|
Est |
|
|
1SA |
|
passe |
|
2SA |
|
passe |
|
|
3SA |
|
passe |
|
passe |
|
passe |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2 |
Sud |
|
Ouest |
|
Nord |
|
Est |
|
|
passe |
|
passe |
|
2SA |
|
passe |
|
|
3SA |
|
passe |
|
passe |
|
passe |
|
Dans les
deux cas, le contrat
atteint est le même: 3SA (remarquez que cette
dernière enchère a été chaque fois suivie
de trois «Passe»). Mais les enchères
produites par les deux joueurs Nord et Sud
pour y parvenir ont
été différentes. Il est
logique d'attribuer à chacune
de ces enchères une signification.
Un
système d'enchères
est
quelque chose
de très
précis qui se
construit et s'apprend
progressivement. Il en existe
de nombreux de
par le monde. Mais le plus
répandu, en
particulier en France,
est celui
que nous allons découvrir
tout au long de ce livre. Il s'appelle «La
majeure cinquième».
Le joueur qui possède
au moins 12 points
dispose
de nombreuses possibilités pour
tenter de donner à son
partenaire une idée de sa main quant à sa
forme et à sa
distribution.
Au lieu de dire «j'ouvre», il va choisir une enchère, qui s'appellera
l'ouverture.
Les ouvertures d'1SA et de 2SA
Il existe deux ouvertures particulièrement précises
autour
desquelles s'articulent
toutes les autres.
Il s'agit
des ouvertures d' ISA et de 2SA. Elles ont un point
commun, la distribution
et, bien sûr, une différence, la force.
Pour choisir
les ouvertures d' ISA ou de
2SA, il faut
nécessairement être en possession
d'une
main dite régulière.
Une main régulière
correspond à trois distributions :
- 4-3-3-3
- 4-4-3-2
- 5-3-3-2
On constate
que ce type
de mains
ne comporte
ni couleur vraiment longue (à partir
de six cartes) ni très
courte.
En outre, pour
qu'une
main soit
considérée comme régulière,
elle ne doit pas comporter deux doubletons
NB : La distribution
5-3-3-2
est incluse
dans les
ouvertures
à Sans-Atout avec une
restriction
d'importance: il ne
faut pas que la couleur
cinquième soit Cœur ou Pique.
Ce qui
différencie
l'ouverture
d' 1
SA de
celle de 2SA
c'est la force exigée pour produire
ces enchères :
- 1SA nécessite 15, 16
ou
17 points.
- 2SA nécessite
20 ou 21
points.
Un peu de vocabulaire
- Une couleur qui ne compte
que deux cartes,
s'appelle un doubleton.
- Une couleur qui ne compte
qu'une seule
carte
s'appelle un singleton.
- Enfin, l'absence
d'une
carte dans une
couleur s'appelle une chicane.
Voici
quelques exemples
:
A
R 2
D 8 7 5
R V 9 4
A 5 |
Cette main remplit
les exigences requises pour
une ouverture
à Sans-Atout
puisque la distribution (4-4-3-2)
est régulière, et
plus précisément à lSA car
elle vaut 17
points. |
Mais
A
R 4
A D 8 7
R V 9 4 2
5 |
Cette main ne présente
plus les mêmes caractéristiques .
Certes elle vaut
17 points, mais elle n'est
pas régulière puisque la distribution est
5-4-3-1. |
Ici
A
10 4
A D 8 7
R 10 5 4
V 5 |
la distribution
est
régulière, mais c'est
la force qui est insuffisante
: seulement 14
points. |
De même
Il existe, bien sûr,
des enchères
pour décrire les mains que l'on
ne peut ouvrir
d' 1
ou de 2SA. Pour
l'instant,
si nous les
rencontrons, nous continuerons
à dire «j'ouvre».
L'attitude du
partenaire : comment
doit-il réagir ?
Face à son
partenaire
qui a ouvert d'1
ou de 2SA le répondant
- «décodera» le message
transmis
- puis avisera
de l'attitude
à adopter en fonction
de son
jeu.
La zone
de force de l'ouvreur
étant définie assez
précisément, le répondant
va pouvoir, par simple addition, calculer
une fourchette
de points correspondant
à la
force globale
de son
camp.
Plancher et plafond
Ceci
va lui permettre
de fixer
deux grandeurs, le plancher et le plafond.
Le plancher est
le contrat
correspondant à la force minimale garantie
par l'enchère
du partenaire. C'est le «bas» de la fourchette
précédente qui permet
de le
déterminer.
Vous détenez :
R
7 4
V 10
A 10 7 6
D 8 5 3 |
Votre partenaire
ouvre d'1SA.
Il possède un
minimum de 15
points H, qui,
ajoutés aux 10
points H
de votre
main,
forment
un total
de 25
points H.
Ces 25
points suffisent, d'après la
Table de Décision, à déclarer le
contrat de 3SA. Ce contrat est
le plancher du camp,
celui
qu'on
déclarera quoi
qu'il arrive.
|
Le plafond est
le contrat correspondant à la force maximale
annoncée par le partenaire.
C'est
le «haut» de
la
fourchette
qui est
cette fois prise en compte dans le
calcul.
Par
exemple, avec :
R
7 4
10 3
R 10 7 6
10 9 5 4 |
Face à l'ouverture
d'1SA, qui peut comporter
jusqu'à 17 points, vous
vous comptez 6 points.
Votre
camp possède donc un maximum
de 23 points, ce qui correspond au contrat de 2SA.
En aucun
cas, il ne sera
possible
d'enchérir au delà de
ce contrat.
|
Plancher, plafond et prime de manche
Dans notre dernier exemple,
le
contrat
maximum
que le camp
peut atteindre (2SA) n'offre pas de prime de manche.
Il est
donc inutile de prendre
le risque
de le déclarer :
le contrat
d' 1SA rapportera le même nombre de points, et les risques de chute
seront beaucoup
moins importants.
D'où
une règle très importante :
Quand vous savez que votre camp n'a pas les moyens de
déclarer une manche, vous devez vous arrêtez le plus bas possible.
Utilisons
ce raisonnement
pour
décider
de la conduite
du partenaire de l'ouvreur - on l'appelle le répondant - face
aux deux ouvertures que nous avons déjà étudiées.
1) Après l'ouverture d'1SA
- Un répondant
qui possède
un maximum
de 7 points arrive au
mieux aux totaux de
22 (plancher : 1SA)
et 24 (plafond: 2SA)
; en aucun cas il n'y a le
minimum
requis pour jouer la manche. Il passe
sur 1SA.
- Avec 10
points et plus, la
force
globale est au
minimum de 25 points, et le plancher
est
donc 3SA.
Le répondant
annonce donc 3SA.
2) Après l'ouverture de 2SA
- Le répondant,
s'il possède
5 points
et plus,
connàît
un plancher
de 3SA dans
son camp. Il
demande ce
contrat.
- Avec 2 points par
exemple, comme
il n'atteint
pas le
total
de 25, il
passe.
A noter que, jusqu'à
présent, c'était
l'ouvreur
qui prenait
la décision finale
après avoir
entendu explicitement de la
bouche de son
partenaire le nombre de
points de ce dernier, qu'il
ajoutait aux siens.
Cette information
lui permettait
d'établir le niveau
du contrat à jouer.
Lorsque l'ouvreur
ouvre d' 1 ou
de 2SA, c'est
le répondant
qui entendant (implicitement)
le nombre de points de son
partenaire
est amené
à prendre la décision
finale (la démarche
globale est identique ;
seul celui qui prend
la décision
diffère.)
En résumé
1) Pour ouvrir:
- d'1SA : il faut une main régulière
(distribution 4-3-3-3/4-4-3-2/5-3-3-2) et une force de 15, 16 ou 17 points.
- de 2SA : il faut aussi une main
régulière,
mais la force doit être de 20 ou 21 points.
2) Le répondant calcule le total des forces de
son camp pour décider du contrat
final.
- S'il est certain
d'atteindre 25 points,
il déclare 3SA.
- Sinon il passe.
|