Bridge initiation Jeu de la carte

La carte à fournir en second





La carte à fournir en second

En cours de jeu, il est extrêmement fréquent que les défenseurs soient confrontés au problème suivant : le déclarant joue une carte de sa main ou du mort, comment faut-il réagir, en particulier quand il est possible de prendre la levée ? Le défenseur se trouve en fait dans l'un des deux cas suivants :

5 4 3

Le 3 est joué du mort. Est peut fournir un petit ou «plonger» de l'As pour faire la levée .

A 9 7 2

R 8

 

           R 7 6

Le 4 est joué de la main du déclarant. Ouest peut là aussi décider de faire la levée en prenant de l'As, ou de fournir un petit.


A 10 5 3

         4

Avant de prendre une décision, le défenseur doit se poser la question : qu'est-ce que le déclarant est en train de faire ? La réponse est souvent plus simple à donner quand le déclarant joue vers le mort, car ses possbilités sont apparentes.

Le déclarant joue une petite carte de sa main

L'important est de ne pas plonger «dans le vide». On risque de ne capturer que des petites cartes et de laisser ensuite le déclarant réaliser séparément ses honneurs. On risque aussi de résoudre les problèmes du déclarant. Quelques exemples, où les cartes qui figurent entre parenthèses sont cachées au défenseur qui doit jouer:

 

R 5 4
Si Ouest plonge de l'As, Sud sera capable ensuite de réaliser séparément la Dame et le Roi, et ne perdra qu'une seule levée dans la couleur. S'il se contente de fournir le 8, le Roi du mort fera la levée, mais Sud devra donner deux levées dans la couleur, et rendre la main une fois de plus avant d'affranchir sa levée de longueur.

 

A 10 8

(V 7 2)
(D 9 6) 3

 

R V 4
Ici, le problème de Sud sera souvent de «passer la bonne» dans la couleur, c'est à dire de décider de fournir le Valet ou le Roi du mort, pour gagner une levée en n'en perdant qu'une. Mettre l'As en second lui ôte bien sûr tout souci.

 

A 10 8 5

(D 9 7 2)
(6) 3

 

R D
Cette fois, il n'y a aucun intérêt à ne pas prendre de l'As : on va capturer un honneur du mort, et la couleur restera bloquée pour le déclarant.

 

A 10 6 5

(9 3 2)
(V 8 7) 4

 

On voit qu'en général il est coûteux de plonger d'un honneur en deuxième position pour prendre une petite carte, alors qu'il est intéressant de le faire si l'on capture un honneur. La formule suivante illustre parfaitement ce principe:

Les As sont faits pour prendre les Rois.

Une petite carte est attaquée du mort

La situation est moins claire, mais diverses manœuvres du déclarant sont envisageables, qui toutes imposent de fournir une petite carte en second.

6 5 3
Le déclarant entreprend peut-être une série d'impasses

 

Pour réaliser trois levées dans la couleur, Sud doit jouer trois fois du mort vers sa main. Plonger de l'As lui facilite grandement la tâche. 

 

(9 7)

A 10 8 2
(R D V 4)

 

6 5 3
Mais les conséquences peuvent être plus dramatiques encore :

Livré à lui-même, Sud avait l'intention de faire l'impasse à la Dame, seule manœuvre lui permettant a priori de réaliser quatre levées dans la couleur. Plonger de l'As lui ôte tout problème ...

 

(D)

A 8 7 2
(R V 10 9 4)

 

6 5 3

Le déclarant affranchit peut-être une couleur

Sud est disposé à abandonner trois levées dans la couleur pour en affranchir deux. Si Est saute sur son As quand la couleur est jouée du mort, que ce soit d'ailleurs au premier ou au deuxième tour, son adversaire ne concédera plus que deux levées.

 

(R D)

A 8 2
(V 10 9 7 4)

Deux cas particuliers

Il serait malgré tout trop simple de dire qu'il faut toujours fournir une petite carte en deuxième position. En-dehors des cas d'évidence, où la levée qu'on est susceptible de réaliser apporte la chute du contrat, il existe certaines positions techniques où jouer un grosse carte en second est nécessaire. En voici deux relativement simples.

D 7
7 4 2

Dans un contrat à l'atout

L'atout est Cœur et Sud joue le 6 de Pique de sa main : si Ouest fournit un petit, la Dame du mort fait la levée et le déclarant réalise, grâce à la coupe ultérieure de son troisième Pique, trois levées dans la couleur sans en perdre.

Ne pas plonger du Roi coûte donc une levée à la défense.

 

 

R 4 2
V 10 6

(V 10 8 5 3)
(8 5)
(A 9) 6
(A R D 9 3)

Quand faut-il intercaler ?

Quand le défenseur possède deux honneurs dans une couleur, il est parfois indispensable de jouer l'un d'entre eux pour assurer une levée avec l'autre.

Ainsi :

R 10 4  

Si Ouest fournit le 8 de Cœur quand Sud joue le 3 de sa main, Sud, qui doit en principe donner une levée dans la couleur pour l'affranchir, peut décider de jouer le 10 du mort. Il va alors réaliser la levée, et fera tomber le Valet et la Dame, ensuite, sur l'As et le Roi. Il faut donc que Ouest intercale la Dame ou le Valet au premier tour pour assurer une levée.

 

 

D V 8

(7 2)
(A 9 6 5) 3

De façon plus générale, un défenseur doit intercaler quand il risque, sinon, de perdre la levée qui lui revient.

L'analyse de tous ces exemples permet de parvenir à la conclusion suivante:

Le plus souvent, fournir une grosse carte en deuxième position quand l'adversaire
joue une petite carte est inutile et même néfaste.

Fournir une grosse carte peut faciliter le maniement de la couleur pour l'adversaire, vous priver de la capture d'un honneur adverse et même gâcher les forces de votre camp en faisant tomber deux honneurs sur la même levée. Malgré tout, il faudra fournir une grosse carte en second dans certains cas d'urgence : pour s'assurer de remporter la levée dans un contrat à l'atout avant de se faire couper, ou pour promouvoir un honneur en en intercalant un autre.

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