Les levées de longueur de la
défense
Le camp
de la défense
a le même
objectif
que le
déclarant, réaliser le plus de
levées possible.
Les mêmes moyens
lui sont
donnés
pour y parvenir :
réaliser ses levées maîtresses, affranchir des levées d'honneurs
et affranchir
des
levées de longueur. Ce dernier
aspect constitue une œuvre de longue haleine
qui
va commencer dès l'entame.
Entamer dans sa couleur longue
Entamer est un privilège et une
responsabilité qui incombent au camp de la défense. Ce «premier geste» du jeu de la carte est très important,
car il n'est pas rare que le sort du contrat se décide dès le départ. Le
joueur qui a la charge d'entamer exercera son choix à partir de constatations
pratiquement constantes
- son camp est
minoritaire en points d'honneurs,
- en conséquence, la
chance est faible de réaliser suffisamment de levées d'honneurs pour faire chuter,
- d'où l'obligation, pour
le camp de la défense, de créer au plus vite les levées de longueur
nécessaires.
Il faudra donc choisir d'entamer
dans une couleur longue, seule capable de fournir des levées de longueur.
Aussi, avec
Le problème est plus ardu lorsque
l'entameur détient deux couleurs quatrièmes :
D 9 5 2
V 8 6
7 4
R V 5 2 |
Si l'une d'entre elles est plus
riche en points d'honneurs, c'est celle qui devra être préférée. En effet le partenaire y possédera plus
facilement un complément nécessaire à l'affranchissement. |
Affranchir sa couleur longue
Lorsqu'un joueur entame dans sa
couleur longue, son objectif est justement de l'affranchir. Au même titre qu'un déclarant qui essaie de
fabriquer des levées à l'aide de son jeu et de celui du mort, le camp de la
défense devra associer toutes ses forces pour parvenir à ses fins.
La
situation est en effet complètement identique lorsque
deux partenaires possèdent
D V 8 5 2 et
R 7 3, qu'il
s'agisse du camp en attaque ou du camp en défense. Dans les deux cas il y a
huit cartes et l'adversaire en détient cinq. Une fois l'As délogé,
il restera, si tout le monde a fourni, trois cartes, et la possibilité de
réaliser une ou deux levées de longueur.
Mais il
existe aussi une différence de taille : le déclarant
visualise toutes les cartes de son camp, pas les défenseurs, qui n'ont
donc pas les mêmes repères.
Dans la
pratique, le joueur qui entame va, dans un premier
temps, additionner le nombre de cartes qu'il possède dans la
couleur d'entame et celui qu'il découvre au mort. Il en déduira par une
simple soustraction, le nombre total possédé par le déclarant et le
partenaire. Puis, levée après levée, il soustraira de ce reste les cartes fournies
par ces deux joueurs.
L'exemple
suivant illustre cette démarche :
Contrat :
3SA
Sur
l'entame du 7 de Pique, le déclarant fournit le 3 du
mort, Est le Valet et Sud le 4.
Est rejoue
la Dame, prise par l'As de Sud.
Ouest a
recensé huit cartes entre son jeu et celui du mort. Il
en a déduit un total de cinq pour les jeux cachés. Est et Sud ayant
fourni deux fois, il ne reste qu'une seule carte invisible.
Lorsque le
déclarant joue Trèfle, Ouest prend de l'As, joue son
Roi de Pique qui provoque la chute de la dernière carte de la
couleur et qui réalise la levée. Après celle-ci, il possède deux
levées de longueur puisqu'aucun de ses deux adversaires n'est en mesure de
fournir.
Une remarque s'impose à la
vue des quatre jeux :
Est-Ouest ont encaissé cinq levées, mais, s'il en
avait eu le temps, le camp Nord-Sud avait de quoi gagner son contrat et en réaliser neuf : une à Pique, quatre à
Carreau, une à Cœur (qui sont toutes certaines) et trois à Trèfle
facilement affranchis sables .
C'est la possibilité offerte
au camp de la défense d'entamer qui a permis à celui-ci de gagner la course de vitesse que se livrent les deux camps.
L'avantage donné par l'entame s'avère souvent déterminant, à deux conditions : l'entameur doit avoir choisi la couleur qui possède le
meilleur potentiel, c'est-à-dire la plus longue, son partenaire doit
avoir collaboré à cet affranchissement.
Attitude du partenaire de
l'entameur
Le partenaire de l'entameur -
désigné sous le nom de joueur numéro 3 - devra participer à l'affranchissement de la couleur d'entame en fournissant la
bonne carte. D'une part, il doit être attentif aux risques de blocage, d'autre part il ne doit pas hésiter à sacrifier ses honneurs pour la
cause commune.
Exemple 1
Ouest a entamé du Valet.
A 4
V l0 9 7 2R
D 6
8 5 3 |
1 - Si le déclarant prend de
l'As dès la première levée, Est devra penser à fournir l'un de ses deux gros honneurs. Il entreprend
ainsi le déblocage de
la couleur : Ouest a promis le 10 et le 9 et ayant choisi d'entamer de cette couleur, il y possède une
longueur. Par la suite, Est rejouera son deuxième honneur, et la petite carte préservée permettra de communiquer avec
Ouest.
2 - Le principe est le
même si le déclarant ne fournit pas l'As. Est doit prendre le Valet de la Dame et rejouer le Roi, toujours
pour éviter le blocage.
|
Exemple 2
R 4 2
D 9 7 5 3
V
8 6
A 10 |
Ouest entame du 5 de Carreau.
Lorsque le déclarant joue le 2 du mort, Est ne doit pas hésiter une seule seconde et doit fournir son
Valet. En effet choisir une autre carte aurait une conséquence doublement
funeste :
1 - Procurer une levée
illégitime (le 10) au déclarant.
2 - Retarder d'un temps
l'affranchissement de la couleur d'entame.
Il est à noter que, dans le
cas présent, comme assez souvent, la couleur n'est pas affranchissable en une seule fois. Il faudra être
persévérant et accepter de concéder plusieurs levées avant de bénéficier des levées
de longueur affranchies.
|
Exemple 3
9 5
D 10 8 4 2V
6 3
A R 7 |
La défense
possède trois cartes équivalentes (la Dame, le Valet et le 10)
et va devoir concéder l'As puis le Roi avant de réaliser une levée d'honneur puis deux levées de
longueur,
puisqu'un des deux joueurs (Ouest) possède deux cartes
de plus que l'adversaire le plus long (Sud). |
Bien défausser pour empêcher le
déclarant de faire une levée de longueur
Lorsque le déclarant
possède dans une couleur, d'un côté A R D 2 et de l'autre
7 6 5, il peut espérer réaliser, après ses trois levées
d'honneurs, une levée de longueur (avec le 2), chaque fois que les cartes restantes
chez l'adversaire sont équitablement partagées, c'est-à-dire réparties
3-3. Le 2 peut aussi produire une levée lorsque le résidu est partagé 4- 2
et que le défenseur en possession de quatre cartes défausse l'une d'entre
elles.
Dans le deuxième et surtout dans le troisième exemple, il arrivera toute
fois que le joueur détenteur de quatre cartes défausse un 3 sans
intérêt à ses yeux.
A
R D 2
V 9 310
8 4
7 6 5 |
A
R D 2
V 9 8 310
4
7 6 5 |
A
R D 2
V 109
8 4 3
7 6 5
|
Le déclarant dispose
de
- 3 levées d'honneurs
- 1 levée de longueur
puisque le résidu lui
est favorable. |
Le déclarant est victime du
mauvais partage.
Il ne peut espérer réaliser une levée de longueur
avec le 2. |
Le constat est
identique :
Le 9 quatrième détenu par un défenseur interdit au 2
de gagner une levée au quatrième tour de la
couleur. |
En fait, au même titre qu'un
honneur, une longueur est susceptible de produire une levée, et à ce titre, il faudra,
autant que possible, la
conserver.
A noter à cet égard que ce sont les couleurs au moins quatrièmes qui produisent des levées de longueur. Ce sont donc
celles qu'il importe de conserver intactes.
Attention donc lorsqu'une longueur
est visible au mort, à bien conserver le nombre de cartes nécessaires pour faire obstacle à l'affranchissement
d'une levée de longueur par le déclarant.
A R D 2
V
7 6 4
|
A R D 2
V
9 7 6 4
|
Est, qui possède quatre
cartes dans la couleur
visible du mort doit les conserver.
Il empêchera ainsi le déclarant de réaliser la levée
du 2. |
Est peut défausser une fois
(et une seule) afin de conserver une longueur
équivalente à celle du mort. |
Un défenseur doit, s'il le peut,
conserver autant de cartes que le mort dans la couleur longue de celui-ci.
Il existe toutefois une exception :
lorsque la plus grosse carte possédée par le défenseur est inférieure à la plus
petite du mort comme dans l'exemple ci -dessous.
A R D 8
7
6 4 3
|
Cette fois, quelle que soit
l'attitude d'Est, la quatrième carte du mort va produire une levée, de par son rang. En fait,
le déclarant dispose ici,
non pas d'une levée de longueur, mais d'une levée d'honneur avec le 8. Est
peut donc défausser sans dommage autant de Piques qu'il veut ! |
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