Le dédoublement
des atouts
Depuis l'étude
portant sur la réalisation de levées, il a été établi que dans les contrats
à Sans-Atout,
on ne peut réaliser
plus de levées
dans une couleur
que l'on ne possède
de cartes du
côté le plus
long.
Exemples
: avec
A 1 0 9 / R
D V , trois levées
sont réalisables.
avec A R 7 5 / D
V 8 2 , quatre
levées
sont réalisables.
avec A R 8 5 2 / D
V 4 3 , cinq
levées
sont réalisables.
En effet,
chaque fois qu'une
carte d'une main sera jouée, une autre devra être fournie
par la main
opposée. De ce fait, à Sans-Atout, le nombre de plis réalisables dans une
couleur est
étroitement lié au nombre de cartes du côté
le plus long.
Mais les nouvelles règles adoptées
dans le cadre
des contrats à
l'atout (essentiellement
le pouvoir de
coupe) vont modifier ce principe : puisque :
Dans la couleur d'atout, il est possible de
réaliser plus
de levées que l'on
possède de cartes du côté long.
Ceci
grâce à la possibilité de dédoubler
les atouts. Imaginons un déclarant jouant le contrat de 4 .
A
V 7 6
A
8 4 2
R
9
7
5 3 |
La
défense
commence par encaisser
les trois premières levées
à Trèfle et rejoue Carreau .
Le
déclarant
dispose
alors de
neuf levées : quatre à Pique, trois
à Cœur et deux à Carreau.
Il
lui faut impérativement
en trouver
une autre. Le partage
favorable des Cœurs adverses
(3-3) serait une première solution pour fabriquer
une levée de longueur.
Mais
il y a
mieux à faire : créer
une cinquième levée à l'atout !
Si
le déclarant
pense à jouer
le Roi, puis l'As, il n'y aura
plus de
Carreau
au mort, ce qui donnera la possibilité de couper le troisième
Carreau
de Sud. Les Carreaux, couleur
dans laquelle
la main Nord
est plus courte
que celle de Sud, peuvent
lui permettre de la matérialiser.
|
|
R
D 10 8
R
D 5
A
8 3
V
6 4 |
Résultat : un atout
de Nord va faire une levée par
la coupe. Comme
il reste encore quatre
cartes à
Pique dans la main
de Sud, il existe toujours la possibilité d'y réaliser
les quatre levées initialement
envisageables.
Grâce
au dédoublement
des atouts, la
couleur
concernée (ici
Pique) aura produit cinq
levées dont une
en coupant, manœuvre
impossible dans les contrats
à Sans-Atout.
Cette
façon spectaculaire et particulière de fabriquer
des levées, peut faire
croire
au déclarant
qu'il doit couper
tout ce qu'il
peut dès qu'il en a l'occasion.
Il n'en est rien : les coupes ne rapportent
pas systématiquement
de levée supplémentaire.
Les deux diagrammes qui suivent vont permettre
de clarifier
les choses.
7
6 2
4
A
R D V 5
A
7 |
Le déclarant est à la tête de cinq
levées naturelles
à Pique (quatre
d'honneur et une, probable de
longueur)
puisqu'il
détient
cinq
cartes du côté long.
Il réalisera
aussi l'As de Cœur.
S'il
pense à jouer Cœur avant
atout,
il réussira aussi à fabriquer une
septième levée en coupant le 7 de Cœur de sa
main
avec un atout de
Nord.
Un petit atout
qui n'avait aucune
autre chance de
faire une levée.
|
7
6 2
A
7
A
R D V 5
2 |
Le déclarant
est à la tête de cinq
levées naturelles
à Pique (quatre
d'honneur
et une, probable
de
longueur) puisqu'il
détient cinq
cartes du côté
long.
Il réalisera
aussi
l'As de Cœur
Mais ici, s'il veut couper le 7
de
Cœur
avec un petit atout il le
fera avec sa levée de longueur
présumée.
Cette
coupe ne produit
aucune
levée supplémentaire : le petit
Pique
était comptabilisé dès le
départ, dans les cinq
levées naturelles à Pique.
|
Il apparaît donc que
- La coupe
effectuée par
la main courte
(celle qui
possède le moins d'atouts)
est presque
toujours rentable, c'est-à-dire qu'elle
apporte une levée
supplémentaire,
comme dans le diagramme numéro 1.
- En revanche, la coupe effectuée
par
la main
longue (en atouts) ne rapporte que très rarement
une levée
supplémentaire (voir le diagramme numéro 2).
En général,
la coupe ne rapporte de levée(s) supplémentaire(s) que lorsqu'elle est effectuée par la
main qui possède le moins
d'atout (main courte).
Ouvrir la coupe
Pour
avoir, à un
moment ou à un
autre, la possibilité de dédoubler ses atouts en coupant de la main courte, il faut d'une part
posséder et conserver les atouts
nécessaires dans celle-ci, d'autre part «ouvrir» la coupe.
Cette manœuvre consiste à épuiser
du côté court à l'atout
les cartes d'une autre
couleur, de façon à créer une
chicane pour
être en situation de couper.
1) Contrat: 4
8
6 5
R
V 9 6 3
A
8 3 2
V |
Après avoir
concédé deux Piques, le
déclarant
est en mesure
de réaliser six
levées à
l'atout et les deux As mineurs.
S'il
joue les Cœurs comme à Sans-
Atout, jusqu'à épuisement,
il ne réalise
ra que six
levées dans cette couleur.
S'il
pense à la possibilité
de dédoubler
ses atouts, il
réalisera, en
plus, deux
coupes à
Trèfle au mort.
Pour cela, il
va devoir «ouvrir
la
coupe» à un moment où le mort sera
encore en possession
d'atouts.
Il le
fera en jouant l'As de Trèfle, créant
ainsi
une chicane dans la main
opposée.
Il ne reste
plus qu'à jouer
deux fois
Trèfle
en Sud en coupant
du mort pour
bénéficier de
deux levées supplémen
taires.
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|
D
3
A
D 10 8 5 2
9
7
A
7 2 |
2) Contrat: 4
V
6
9
8 6 2
A
8 4 3 2
9
5 |
Là
encore, le déclarant
perd deux levées
à Pique.
Il dispose de cinq
levées naturelles
à
Cœur, de deux As et
du Roi de Carreau.
Il ne possède donc que huit levées.
Mais il peut utiliser le dédoublement
des atouts
en coupant deux Trèfles du
mort. Pour cela, il va devoir, là encore, «ouvrir la
coupe» en jouant l'As de
Trèfle et Trèfle, concédant ainsi
une
levée à l'adversaire
auquel, à la diffé
rence de l'exemple
précédent, il aura
fallu rendre la main.
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D 3
A
R D V 10
R
7
A
7 6 4 |
Le deuxième exemple pose le
problème du retrait
des atouts adverses.
En effet, le camp
du déclarant possède 9862 d'un
côté, A R D V 10 de l'autre,
laissant à la défense 7543. Ces quatre atouts peuvent être répartis
4-0, 3-1
ou 2-2, ces deux
derniers partages étant les
plus fréquents.
Imaginons que les
Cœurs
soient répartis de la
façon suivante
autour de la table
:
Sur
un plan plus général, lorsqu'un camp choisit
une couleur comme atout, c'est
qu'il y détient
un minimum de huit cartes,
donc une supériorité numérique
certaine, laquelle
va souvent
pousser le
déclarant à priver le camp adverse de ses possibilités de coupe
en jouant
atout autant de fois que
nécessaire.
Or,
suivant
les cas, le retrait
des atouts adverses sera prioritaire
sur toute autre manœuvre
ou devra être différé.
3) Contrat: 6
4) Contrat: 4.
Examinons une situation
différente, où le problème
qui se pose
au déclarant
est celui
de ses communications :
5) Contrat: 6.
En conclusion :
Le retrait des
atouts adverses est prioritaire sauf :
- S'il empêche
le déclarant de dédoubler ses atouts.
- S'il
le prive
des cartes de communications indispensables pour la réussite du contrat.
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