Les levées de longueur du déclarant
Le nombre de
levées
réalisables
par le déclarant (ou
d'ailleurs,
celles
de la
défense), dépend, non seulement
du nombre de cartes maîtresses ou de
cartes affranchissables, mais
encore du nombre de cartes détenues dans la couleur, de la longueur
de cette couleur.
Avec
ARDV
752 |
il y a quatre cartes maîtresses et
quatre levées à réaliser, car le
côté le plus long comporte quatre
cartes. |
AR 72
DV3 |
La situation est identique
bien
que les cartes maîtresses soient réparties différemment. |
AD
RV |
En revanche, avec
il y a toujours quatre
cartes maîtresses, mais
il ne sera possible de réaliser que deux levées, ceci à cause de l'absence
de petites cartes. |
Les petites
cartes
sont
donc indispensables pour
faire «vivre» les
honneurs correspondants, pour leur
permettre de se transformer
en levées.
La levée de longueur
En outre,
ces petites cartes peuvent à leur tour
devenir maîtresses, lorsque les cartes de
rang supérieur
auront été jouées.
Imaginons un déclarant
en possession
de
ARDV
7542 |
Il réalise
quatre levées sans aucune
difficulté, simplement
grâce
au rang de ses cartes. Regardons ce qui survient si l'on
fait passer le 2 dans l'autre main. La situation est devenue
: |
ARDV2
754 |
Le 2 a de
grandes chances de se transformer en levée. En effet,
les cartes manquantes (10,9, 8, 6,
3) seront le
plus
souvent
réparties équitablement dans les deux
jeux
adverses:
10,8 et 3 d'un côté, 9 et 6 de l'autre, par
exemple.
Lorsque
le déclarant
aura successivement
joué l'As, le Roi et la Dame, il aura épuisé les cartes de la couleur chez les
deux défenseurs.
En conséquence, au même titre que le Valet, le 2 réalisera
une levée,
et ceci
parce qu'il appartient à une couleur
longue. |
On appelle
"levée de longueur ",
une levée remportée
par une petite carte au moment où aucun adversaire ne détient plus de cartes dans la couleur demandée.
La répartition des cartes adverses
: le résidu
Cet exemple illustre
le potentiel
des longueurs et
la possibilité qu'elles offrent
au déclarant
de réaliser des levées dites de «longueur» (qui ne sont pas des levées
d'honneurs)
.
Il existe toutefois deux différences
importantes entre les deux types de levées que nous
connaissons.
- D'une part les levées
d'honneur
sont immédiatement
maîtresses (As, Roi, Dame, Valet,
etc.)
; pour profiter
des levées de longueur, il
faut avoir joué plusieurs tours de la couleur,
afin que l'adversaire
en soit
dépourvu.
- D'autre
part,
s'il est possible de prévoir
exactement
le rendement d'une couleur en
terme
de levées
d'honneur, le nombre de
levées de longueur
que peut produire une
couleur longue
est souvent aléatoire.
Bien sûr, avec :
A R D 8 7 4
9 6 3 2 |
On est
certain
de réaliser six levées, car les trois cartes
adverses tomberont sous
As, Roi, Dame, quelle que soit
leur répartition. |
Mais examinons
cette
couleur
:
A R D 8 4
7 3 2 |
Les adversaires détiennent cinq
cartes:
Valet,
10,9,6 et
5. L'ensemble des cartes détenues par l'adversaire
dans une couleur
donnée porte
le nom
de résidu, et
le nombre de levées à la disposition
du déclarant dépend
de la répartition
de ce résidu entre les joueurs de
flanc : |
|
Si les
cinq cartes
sont dans la main
du même défenseur, il n'est
possible
de réaliser aucune
autre levée
que les trois honneurs
: les deux artes
restant chez l'adversaire
seront
supérieures
au 8
et au
4.
Si l'un
des deux défenseurs possède
trois
cartes de la
couleur, et l'autre deux,
As-Roi-Dame vont épuiser toutes
ces cartes :
|
|
Si l'un
des deux défenseurs possède
trois
cartes de la
couleur, et l'autre deux,
As-Roi-Dame vont épuiser toutes
ces cartes :
Le
8 et
le 4 seront
donc
affranchis, et
deux levées de
longueur
auront
été
créées. |
A R D 8 4
V 9 510 6
7 3 2 |
|
Enfin, la
situation
intermédiaire
peut se
présenter:
l'un
des défen
seurs possède quatre
cartes dans la couleur,
son
partenaire une
seule.
Par exemple : Cette
fois, jouer
As-Roi-Dame n'épuise pas toutes les cartes du
joueur
situé en
Est.
Après trois
tours de la couleur, il reste : 8 4 en Nord et V en E
Le déclarant a la possibilité
d'affranchir l'une des cartes restantes
en don
nant l'autre à l'adversaire. L'opération est
toujours rentable mais
exige de
rendre
la
main, ce
qui n'est pas toujours possible. |
A R D 8 4
10V 9 6 5
7 3 2 |
Ces trois configurations montrent
que le
nombre de levées de
longueur est
le plus
souvent
fonction de la répartition
du résidu
de la couleur chez l'adversaire.
Plus
généralement:
Une seule
condition
pour qu'une
petite carte puisse se transformer en levée
de longueur : posséder plus de cartes que le plus
« long» des
adversaires.
Compte des couleurs et probabilités de répartition
Les
chances de
répartition
du résidu
ont été calculées en
terme
de probabilités. Connaître
les plus
courantes donne une idée des chances de voir
une petite carte s'affranchir.
Mais pour le déclarant, il est avant
tout nécessaire
de surveiller
la chute des cartes détenues par
les deux joueurs de flanc pour savoir à quel
moment ceux-ci
n'en possèdent
plus.
En premier
lieu,
pour la couleur
qui l'intéresse, il ajoute le nombre des cartes qu'il
détient à celles du mort. S'il
possède par exemple
cinq Carreaux dans sa main et
trois au mort, il sait
qu'il
détient huit Carreaux en tout. Par
une soustraction à 13,
il en déduit le nombre possédé par ses adversaires: 13 - 8 = 5; les adversaires ont cinq Carreaux
à eux deux. A chaque
levée il fait ses comptes
: «au premier tour de Carreau, les deux défenseurs ont fourni,
il reste trois Carreaux dehors; chacun
fournit toujours au second
tour, il
n'en reste
plus qu'un ... ».
Dans la pratique, cette
façon
de procéder avec
méthode est
beaucoup plus efficace que celle qui consiste à repérer
et additionner toutes les cartes jouées dans la couleur
en question.
En résumé
Pour qu'une levée de longueur puisse être affranchie, il faut que le mort ou le déclarant
détienne plus de cartes que le plus long des deux adversaires. Cette condition est le plus
souvent fonction de la répartition des cartes restantes chez l'adversaire.
Pour profiter d'une répartition favorable, le déclarant devra attentivement surveiller la
chute des cartes adverses au fil des levées.
Le tableau suivant indique les
résultats
approchés du
calcul
des probabilités pour
les résidus les plus fréquents. Il n'est
pas inutile
de retenir
ces chiffres, qui permettront
parfois de choisir
entre
plusieurs manœuvres possibles.
Probabilité des principaux partages
Vous possédez |
Les adversaires
en ont |
Résidus
possibles |
Probabilités
approchées |
|
|
4/3 |
2 chances sur 3 |
6 cartes |
7 |
5/2 |
1 chance
sur
3 |
|
|
6/1 et
7/0 |
rare |
Vous possédez |
Les adversaires
en ont |
Résidus
possibles |
Probabilités |
approchées |
|
|
3/3 |
1 chance
sur
3 |
7 cartes |
6 |
4/2 |
1 chance
sur
2 |
5/1 |
1 chance
sur
6 |
|
|
6/0 |
rare |
Vous possédez |
Les adversaires
en ont |
Résidus |
Probabilités |
possibles |
approchées |
|
|
3/2 |
2 chances
sur
3 |
8 cartes |
5 |
4/1 |
1 chance
sur 4 |
|
|
5/0 |
rare |
Vous possédez |
Les adversaires
en ont |
Résidus |
Probabilités |
possibles |
approchées |
|
|
2/2 |
2 chances
sur
5 |
9 cartes |
4 |
3/1 |
1 chance sur 2 |
|
|
4/0 |
1 chance
sur
10 |
Le «coup à blanc»
La réalisation
de levées de longueur, on l'a dit, oblige le déclarant à jouer
plusieurs
tours de la couleur.
En fonction de la localisation
de la couleur
longue, il lui faudra
toujours gérer
avec soin
les problèmes relatifs
aux communications. Examinons le diagramme suivant:
Sud a ouvert
d' 1SA,
et Nord a conclu à 3SA. Ouest entame de la Dame de Cœur.
Le déclarant fait ses
comptes :
un Pique, deux Cœurs, deux Carreaux
et deux Trèfles,
soit sept
levées
certaines. Les deux
plis manquants viendront de la longueur à Carreau, à condition
que le résidu
adverse soit partagé
3-2.
Sud prend l'entame
et joue As et
Roi de Carreau.
Ayant constaté que les deux
adversaires
ont fourni, il rejoue
un petit
Carreau
pris par l'adversaire.
Celui-ci
rejoue Cœur. Le
déclarant
est en
main
et utilise
le Roi
de Trèfle pour aller
au mort,
encaisser ses deux petits Carreaux
affranchis et gagner
ainsi son
contrat.
Deux remarques s'imposent :
- Le déclarant
a dû concéder une levée à Carreau, et donc rendre la main à l'adversaire, pour affranchir
sa couleur. Il l'a
fait au troisième tour
de celle-ci.
- Il a pu
réaliser sans problème ses levées de longueur,
grâce à une indispensable
communication, le Roi de Trèfle.
Modifions légèrement
le diagramme
précédent,
en plaçant
cette fois le Roi de Trèfle
en Sud,
à côté de l'As .
Ouest entame
toujours de la Dame
de Cœur.
Sud a-t-il
toujours la possibilité de réaliser son contrat ?
Il dispose des mêmes
sept levées immédiates,
et doit
donc chercher à réaliser
deux levées de longueur à Carreau.
Si après avoir
pris la
Dame de Cœur
de l'As, Sud joue As de Carreau, Roi de Carreau et
Carreau, le partage
3-2 des Carreaux détenus par l'adversaire
lui permet toujours d'affranchir
deux levées de longueur.
Un problème surgit : ces deux levées
sont devenues inaccessibles, car il
n'existe aucune rentrée au
mort pour aller
les encaisser. Sud doit s'apercevoir
qu'il
doit conserver
un des gros honneurs à Carreau
pour aller chercher ses Carreaux maîtres.
Il doit donc
donner
une levée de
Carreau à la défense avant de jouer
les deux
gros honneurs
du mort.
Examinons le processus : Sud joue,
par
exemple, Carreau
pour l'As du mort à la
deuxième levée. A la
levée suivante, il joue un petit Carreau
du mort. L'adversaire prend la main
et rejoue Cœur. Le
Roi de Sud fait
la levée. La situation
des Carreaux
est devenue :
Cette manœuvre consistant à concéder
prématurément une levée à l'adversaire,
s'appelle un coup à blanc.
Le coup à blanc permet de
résoudre un problème de communication.
Le double coup à blanc
Le coup à blanc
qui vient
d'être
étudié
est utilisable
dans de nombreuses configurations. Par
exemple:
Le coup à blanc
qui vient
d'être
étudié
est utilisable
dans de nombreuses configurations. Par
exemple: |
R 8 7 5 2
A 6 3
|
A R 6 4 2
9 7 5
|
Dans ces deux
situations, le
camp de l'ouvreur possède deux
cartes maîtresses,
et affranchir
deux levées de longueur passe
par
la concession d'un
pli à la
défense. Le déclarant
peut donner un coup à blanc
dès le premier
tour
de la
couleur, ou
jouer
d'abord
l'As avant
de concéder à ses adversaires la levée qui leur revient.
Il arrive
qu'il
faille impérativement
procéder à la même
manœuvre au premier
tour de la
couleur
:
A R 9 5 4 3
D 10 6V 7
8 2 |
Cette fois, trois
levées de longueur
peuvent être
affranchies en abandonnant une levée aux défenseurs. Pour
en profiter, il faut
laisser les adversaires réaliser
la première levée dans la couleur.
Quand
Sud reprendra la main, la
situation sera devenue : |
A R 9 5 4
D 10V
8 |
Sud pourra alors jouer le 8 pour
l'As et encaisser le Roi du mort,
ainsi que les trois
autres levées
affranchies. |
En présence d'une seule carte maîtresse :
A 9 5 4 3
7 6 2 |
On peut
toujours affranchir
deux levées de longueur, à la condition
que le résidu soit
partagé 3-2, mais
avec une
seule carte maîtresse (l'As) il faudra rendre la main
deux fois.
Si le déclarant, par manque de communications, est amené à le faire tout de suite
(c'est-à-dire
avant de
réaliser son As), on parlera de «double coup à blanc».
|
Le contrat
est
de 3SA, Ouest entame
de la Dame
de Cœur.
Sept levées
sont certaines :
trois Piques, deux Cœurs, un Carreau et un Trèfle.
Le déclarant possède
huit
Carreaux
entre
ses deux
mains. Si le résidu
de la
couleur est
réparti 3-2, il pourra
y créer deux levées de longueur, à condition de donner deux levées à l'adversaire.
Si Sud commence par jouer Carreau pour
l'As
et Carreau, puis encore Carreau quand
il reprendra la
main, il aura
bien affranchi
deux levées, mais
il n'aura
plus aucun
moyen d'aller
au mort; il
n'a
en effet plus aucune
communication avec celui-ci, la seule
étant l'As
de Carreau, utilisée prématurément.
Il faut donc le
conserver. Au
lieu de le jouer, puis de concéder deux levées, il fallait
commencer par concéder
deux levées (c'est le double coup à blanc) puis jouer l'As au
troisième tour et ainsi rejoindre le mort au bon
moment. Cet As précieusement
conservé doit être utilisé
au moment
où le côté court
fournit
sa dernière
carte.
|